Qui sont les futurs eldorados du bitcoin ?

Dans un monde où l’égérie du dollar est sans cesse remise en question, la DeFI (Finance Décentralisée) séduit de plus en plus de pays. Et parmi ces pays, deux ont donné un cours légal au Bitcoin : la Centrafrique et le Salvador, les futurs eldorados du bitcoin. Si les populations africaines ont déjà adopté les cryptomonnaies , la Centrafrique est le seul à l’État qui en a fait une monnaie de référence. Ils sont les futurs eldorados du bitcoin.

Pourquoi ces pays ont-ils fait du Bitcoin une monnaie officielle? Quelles sont les autres nations qui pourraient leur emboîter le pas ? Quelles sont les conséquences de ce choix ? Qui seront les futurs eldorados du bitcoin. Vous saurez tout en lisant cet article.

Bitcoin
Le Bitcoin comme outil d’émancipation

Détestées par les banques centrales des pays riches, les cryptomonnaies séduisent les pays émergents

Si elles n’ont pas le vent en poupe à la Banque mondiale ou à la BCE – Banque Centrale Européenne -, elles captivent les pays émergents.

Cette fascination des jeunes nations pour les actifs numériques est expliquée dans le rapport KPMG de 2022. On y retrouve notamment :

  • La part importante que les transferts de fonds de la diaspora représente dans le PIB de ces États ;
  • Des mouvements financiers, longs et coûteux ;
  • Une population faiblement bancarisée ;
  • Des dévaluations constantes de la monnaie locale ;
  • Des sanctions internationales sur l’État ou sur un partenaire de premier ordre ;
  • L’adossement de la monnaie nationale à celle d’un autre pays ou son abandon et la perte de souveraineté qui en découle, comme l’est le Franc CFA à l’euro ;
  • Un fort potentiel énergétique.

Pour le dernier point, sachez que certains pays produisent plus d’énergie qu’ils ne peuvent en absorber. Notamment les pays d’Afrique de l’Est et certains d’Afrique de l’Ouest comme la Côte d’Ivoire.

Ces États voient donc en le minage et le stacking des cryptomonnaies, un moyen de renflouer leurs caisses.

Centrafrique, Salvador et pays émergents : futurs eldorados du bitcoin.

La République centrafricaine, le Salvador et d’autres pays émergents sont en train de devenir les futurs eldorados du bitcoin. Ces pays, confrontés à des défis économiques et monétaires variés, voient dans les cryptomonnaies, en particulier le bitcoin, une opportunité de renforcer leur économie, de stabiliser leur monnaie et d’attirer des investissements étrangers.

Adoption malgré les nombreux défis économiques

En République centrafricaine et au Salvador, le bitcoin a été adopté comme monnaie légale, une décision audacieuse qui a attiré l’attention mondiale. Ces pays espèrent que cette initiative stimulera l’innovation financière, améliorera l’inclusion financière, et attirera les investisseurs et les entrepreneurs du secteur de la blockchain et des cryptomonnaies.

Pour les autres pays émergents, l’intérêt pour le bitcoin et les cryptomonnaies est également en hausse. Ces pays envisagent le bitcoin comme un moyen de diversifier leurs économies, de contourner les limitations des systèmes financiers traditionnels et de réduire leur dépendance vis-à-vis des monnaies fortes comme le dollar américain.

De nombreux risques à éviter

Cependant, cette adoption n’est pas sans risques. Les fluctuations de valeur du bitcoin, les préoccupations en matière de sécurité et de régulation, et l’impact potentiel sur la stabilité financière sont des défis importants. Malgré cela, la République centrafricaine, le Salvador et d’autres pays émergents continuent d’explorer le potentiel du bitcoin, marquant un tournant potentiel dans l’histoire de la monnaie numérique.

Embargo, crises financières et perte de souveraineté de sa politique financière : les raisons derrières le cours légal du Bitcoin en RCA

Le 24 mai 2022, le président Centrafricain, le Pr Faustin Archange Touadéra, a fait une déclaration détonante : le Bitcoin est désormais la seconde monnaie officielle du pays, à côté du Franc CFA.

République Centrafricaine
Le Bitcoin en République centrafricaine

Parmi les explications les plus fréquentes, revient celle de l’envie du pouvoir centrafricain de continuer à commercer avec Moscou ? et son groupe mal-aimé des instances internationales, Wagner. Pour comprendre cette décision, un retour dans l’histoire tumultueuse du pays s’impose.

Entre coups d’États et États Fantômes, l’histoire sanglante de la RCA

Tout commence avec le coup d’État de la Saint-Sylvestre qui porte Bokassa au pouvoir en 1965. Suivra celui de 1979 – organisé par la France – qui installera David Dacko. Lui aussi, sera chassé du palais présidentiel en 1981 par un coup d’État – aussi soutenu par la France – par le général André Kolingba.

Durant 12 ans, la Centrafrique connaîtra l’une de ces plus longues périodes de paix et de prospérité. Mais en 1993, des émeutes font rage à Bangui, et le président Kolingbacède son trône au président Ange-Félix Patassé – le premier à être démocratiquement

Pendant son mandat, la Centrafrique sera le théâtre du coup d’État manqué de 2001 et du putsch de 2003, qui mettra François Bozizé aux affaires.

Entre ces coups d’État, l’insécurité dans les régions minières du pays et les conflits avec l’Ouganda et le Rwanda, le pays ne s’est jamais vraiment développé. Par conséquent, les infrastructures manquent et les organisations financières et bancaires ne s’éloignent que rarement des grands centres urbains. Mais ils rêvent tous de devenir les futurs eldorado du Bitcoin.

L’embargo de l’ONU en 2013, ou l’asphyxie de l’économie centrafricaine

Depuis 2013, l’État centrafricain est sous embargo par les Nations Unies. Parmi les résolutions de cet accord décrié par Bangui et ses partenaires à l’instar de la Chine, l’on retrouve :

  • Le gel des avoirs de plusieurs personnes désignées par le comité des sanctions ;
  • L’interdiction de voyage de plusieurs hauts responsables ;
  • L’interdiction aux États membres de l’ONU de vendre des armes à la Centrafrique.

Via ses mesures, exit les possibilités de l’État de s’endetter. Exit l’achat d’armes, pourtant crucial pour assurer la sécurité de l’État centrafricain face aux rebelles.

Paradoxalement, ces mesures poussent la Centrafrique à s’allier avec Moscou, seul à même de lui apporter la paix tant rêvée.

Pour les citoyens centrafricains, cet embargo les exclut d’office de certains services de paiements internationaux. À titre d’illustration, vous ne pouvez pas transférer d’argent en Centrafrique via PayPal, Stripe ou Paysera.

Une plaie qui aggrave la fracture numérique du pays et rend difficile le développement des commerçants centrafricains. Ils auront du mal à devenir les futurs eldorados du bitcoin.

La non-bancarisation des populations et la difficulté des transferts de fonds

Celui qui va résoudre ce problème deviendra un des futurs eldorados du Bitcoin. Si vous souhaitez transférer de l’argent vers la Centrafrique, vous ne pourrez compter que sur des entreprises telles que Western Union. Exit le virement bancaire rapide, vous devrez passer par un service tiers ou une EMI.

Dans l’éventualité où votre destinataire possède un compte en banque, les rares guichets disséminés dans les grandes villes l’obligeront à patienter. Même son de cloche si vous voulez effectuer des paiements entre Bangui et Bimbo, qui sont pourtant les deux plus grandes agglomérations du pays.

Dernier point en défaveur pour le secteur banque et finance en Centrafrique : les groupes armés et leurs coupeurs de route. L’insécurité qu’ils créent rend les banques et agences de transferts réticentes à s’installer hors des métropoles.

Adoption du Bitcoin
Péripéties de l’adoption du Bitcoin

Le manque de souveraineté de la Centrafrique sur sa politique économique : futurs eldorados du bitcoin ?

Comme toutes les autres nations de la zone CEMAC, la Centrafrique utilise le Franc CFA  d’Afrique centrale (XAF). Si cette monnaie fiduciaire la protège des déflations accentuées – comme celle du Zimbabwe -, elle fait aussi perdre à l’État la souveraineté de ses échanges.

Et c’est un problème épineux pour les autorités de Bangui qui comptent sur le soutien de la Russie pour sécuriser le territoire : toutes leurs transactions doivent être validées par la Banque Centrale Européenne et par la BEAC (Banque des États d’Afrique Centrale).

La blockchain et la finance décentralisée permettront à la Centrafrique de continuer à échanger avec la Russie. Et ce, malgré les sanctions internationales qui pèsent sur les deux États – les deux sont sous sanctions de l’ONU. C’est pour toutes ces raisons que le Bitcoin a le vent en poupe en Centrafrique : il est décentralisé, peu coûteux, sécurisé, déflationniste et facile à mettre en place.

Sango : le hub de la sphère crypto rêvé par les autorités centrafricaines

Si les contours du projet « Sango »  demeurent flous, l’engagement des autorités centrafricaines est quant à elle indiscutable.

Ainsi, l’on peut apprendre via le site https://sango.org/fr que le projet Sango comportera :

  • Une cryptomonnaie éponyme, adossée sur les 32 minerais du pays et dont les fermes de minages seront situées à Dubaï ;
  • Une convertibilité instantanée entre le CFA et le Bitcoin ;
  • Et surtout, une ville dédiée aux cryptomonnaies : Crypto-Island.

Pour reprendre les termes exacts du manifeste, Crypto-Island a pour objectif de « (…) construire directement, au cœur de l’Afrique, le premier centre d’affaires légal relatif aux cryptomonnaies, reconnu par le Parlement d’un pays, qui accueillera des crypto-entreprises et attirera les crypto-enthousiastes du monde entier. ».

Quelles sont les conséquences de la reconnaissance du Bitcoin comme monnaie en Centrafrique ?

Pour l’heure, impossible de mesurer l’impact réel du Bitcoin sur les populations centrafricaines. Par contre, les effets de cette loi sur les relations de la Centrafrique avec les instances financières sont déjà palpables.

FMI, BAD, COBAC et BEAC: toutes unies contre la Centrafrique et sa loi Bitcoin

Si le FMI s’est contenté de mises en garde, les autres instances financières vont plus loin. Ainsi, la COBAC – la Commission bancaire de l’Afrique Centrale – a interdit le Bitcoin comme moyen d’évaluation dans la zone CEMAC. De plus, elle a ordonné aux organismes de crédit de sa zone de chalandise de tenir un registre des opérations liées aux crypto-monnaies.

La BAD – Banque Africaine de Développement – a directement sauté le cap des mises en garde pour arriver aux sanctions elle ne financera plus aucun projet en RCA jusqu’à nouvel ordre.

Quant à la BEAC – la Banque des États d’Afrique Centrale – elle a rendu officiellement le Bitcoin inconvertible en CFA et inversement. Elle a aussi mis en place des interdictions sur la détention à titre de propre ou de garantie des crypto-actifs.  Pour enterrer définitivement le projet de Bitcoin Centrafricain, elle a interdit la comptabilisation des monnaies virtuelles dans les exercices comptables.

En résumé, toutes les instances bancaires régionales et mondiales sont liguées contre la Centrafrique et son projet « Sango ». Mais ce ne sont pas les problèmes qui plombent le projet.

Électricité, internet et sécurité – les bases du Bitcoin qui font défaut à la RCA

En plus de l’opposition farouche des instances bancaires, la Centrafrique doit faire face à un autre obstacle : son sous-développement chronique. Classée huitième nation la plus pauvre au monde par le FMI, la Centrafrique manque cruellement d’électricité et d’internet : impossible pour le moment d’y installer les pools de minage de sa crypto-ville.

Par ailleurs, l’accès à l’internet est l’un des plus bas qui soit : seuls 14,3 % des 5 millions d’habitants du pays ont accès à l’électricité. Et encore moins disposent d’un accès à l’internet.

Un dernier facteur emblématique de la Centrafrique nuit aux cryptomonnaies : les groupes armés. Ces derniers pullulent dans certaines régions avec de fortes capacités énergétiques, rendant leur exploitation anecdotique et le minage des cryptomonnaies difficiles.

Mais ces défis ne rebutent pas les investisseurs et les sociétés de cloud mining : le géant Coinbase, s’est déjà engagé pour accompagner l’État centrafricain dans sa démarche.

D’ailleurs, la Centrafrique n’est pas le premier à braver les foudres du FMI en optant pour le Bitcoin. Cet honneur revient au Salvador.

Le Salvador, fer de lance des états sur le Bitcoin

Le Salvador, pays d’Amérique latine, a été le premier en septembre 2021 à donner un cours légal au Bitcoin. Et cette décision résulte, elle aussi, de plusieurs facteurs propres au pays, dont voici quelques-uns.

Salvador
L’impact du Bitcoin au Salvador

Pourquoi le Salvador a reconnu le Bitcoin comme monnaie officielle ?

En 2001, le Salvador a suivi les traces de l’Argentine en renonçant à sa monnaie, le colon salvadorien. Si la dollarisation a permis au pays d’avoir une bouffée d’air économique, elle l’a surtout rendu dépendant des caprices de Washington.

Pire encore, la dollarisation tant vantée par les USA n’a fourni aucun résultat probant en Argentine. Dollarisée en 1991, l’Argentine était le fer de lance de la politique américaine d’intégration économique de la sous-région Amérique latine.

Mais depuis les années 2000, l’Argentine vit au rythme de ses dettes impayées – dont celle astronomique due au FMI – et des crises économiques et sociales qui en découlent. Au lieu de prôner les vertus du modèle économique américain, l’échec de la dollarisation de l’Argentine inquiète le Salvador.

Preuve de l’échec de cette politique : 1 dollar valait 1 peso argentin en 1991. Aujourd’hui, 1 dollar en vaut 100, voire 200 pesos sur le marché noir.

24 % du PIB. C’est le montant que représentent les virements des Salvadoriens situés à l’étranger. Mais tout comme en Centrafrique, la rareté des banques hors des pôles urbains rend les mouvements financiers longs et coûteux. Une situation que la blockchain permet de résoudre : elle rend les transferts entre particuliers rapides, peu coûteux et sécurisés.

Chivo Wallet : le Wallet made in Salvador

En plus d’avoir installé plus de 200 guichets acceptant des Bitcoins, l’État salvadorien a mis au point sa propre application basée sur une copie de la blockchain : Chivo Wallet.

Grâce à la solution de scalabilité utilisée, le Lightning Network, le Salvador détient un contrôle (presque) absolu sur les wallets chivo. Il contrôle ainsi en partie les transactions sur son territoire – chose impossible à faire avec le dollar.

Et les résultats sont éloquents : en moins d’un an, 5 millions de Salvadoriens ont ouvert un portemonnaie électronique Chivo. Ce chiffre est d’autant plus impressionnant que seul 1,7 million de Salvadoriens disposent d’un compte bancaire.

Émission d’obligations en Bitcoin et création d’une Bitcoin City : des premières mondiales

Le Salvador se veut aussi novateur dans sa méthode d’emprunt. Désormais, il souhaite directement lever des fonds auprès des investisseurs. En tokenisant son emprunt via la blockchain Liquid Network et en la confiant à Blockstream, l’État salvadorien n’a plus à passer par le FMI et la Banque Mondiale.

Une aubaine pour ce pays dans le viseur du FMI et dont la cotation auprès des agences de notation a chuté récemment.

Grâce à ce système d’emprunt qui court-circuite les instances internationales, le pays envisage de créer Bitcoin City : une ville exonérée d’impôts et tirant parti des ressources géologiques du volcan Conchagua.

Le faible prix de l’énergie combiné à des coûts de vie moindres et l’absence de taxes sont des facteurs décisifs pour les pools de mining. En témoigne le cas du Texas, pris d’assaut par les sociétés de minage chinoises, expulsées de Chine en 2021.

Une partie de ces fonds servira à acheter des Bitcoins et à les stocker pendant 5 ans. Autant dire qu’en cas de Bear Market – chute brutale du cours des actifs numériques -, le pays risque de se retrouver en défaut de paiement.

Le Salvador et sa « Ley Bitcoin » dans le viseur du FMI et des instances financières internationales

Sans surprise, le FMI s’oppose farouchement à ce projet d’État Bitcoin. Mais plutôt que d’opter pour des sanctions, l’instance de Bretton Woods penche pour la voie de la négociation : le Salvador recevra des aides financières s’il abandonne le Bitcoin comme monnaie officielle.

Pour un pays dont l’un des principaux leitmotivs était de retrouver le contrôle de sa politique économique, cette proposition passe mal.

Les plus farouches opposants à cette loi sont les services de transferts d’argent : l’avènement du Bitcoin leur ferait perdre une part non-négligeable des 400 millions de dollars de frais d’envoi annuels de la diaspora salvadorienne.

Mais le gouvernement salvadorien se veut optimiste, et il n’est pas le seul : 44 représentants des banques centrales de pays émergents ont été séduits par ce modèle lors du premier sommet de l’inclusion financière au Salvador.

Sénégal, Maroc, Jamaïque, ces pays qui sont susceptibles de donner cours légal aux cryptomonnaies.

Toujours selon le rapport de KPMG cité plus haut, plusieurs pays sont susceptibles de faire le grand bond dans l’univers des cryptos. Et parmi eux, le Sénégal arrive en pole position en Afrique de l’Ouest. En effet, la terre des lions de la Teranga abrite la crypto-city d’Akon et la première cryptomonnaie Halal du monde, le LABOcoin.

Autres pays et le Bitcoin
Le Bitcoin dans le monde

En prime, la jeunesse sénégalaise semble voir en les cryptomonnaies des outils de choix pour leurs activités économiques. En témoignent les projets TEZOS Sénégal ou encore BLEU COMME LA MER.

L’État sénégalais n’est pas en reste non plus : déjà en 2016, il a annoncé sa monnaie basée sur la blockchain, le E-CFA. Contrairement au Bitcoin, il était question d’une monnaie fiduciaire numérique adossée à la valeur du franc CFA.

Malheureusement, ce stablecoin est aujourd’hui sans suite, les autorités de l’UEMOA étant encore réticentes aux cryptomonnaies. Toutefois, la flamme des cryptomonnaies ne s’est pas éteinte et reste brillante dans la cité futuriste d’Akon City.

Publications similaires